CONFÉRENCE SUR L’EXPO « MAD DOGS »

Ce sont entre 650 et 700 personnes qui sont venues visiter l’exposition « Mad Dogs » presentee à la Galerie de la Cascade par Nikita Kravtsov et dix artistes dont 6 Ukrainiens dénonçant avec talent les violences et la guerre depuis le 14 juillet 2024. En apothéose pour la fin de cette opération artistique, c’est une conférence, réunissant une centaine de personnes, qui a été donnée par Benoît Decron, directeur et conservateur en chef du musée Soulages, ayant pour titre: « De l’art moderne a l’underground : les peintres illustrateurs à la sauce punk ».

M. Decron a évoqué en public de Salles la Source une histoire de l’art originale, celle de nouveaux artistes mêlant les semences populaires et savantes: en 1990-1991, le MoMA de New York, pour l’exposition High and Low mélangeait des œuvres relevant de l’art moderne et de la création contemporaine, témoignages de la culture punk, souterraine : somme toute le monde tel qu’il est irradié par la musique rock, les journaux, le cinéma, la littérature… L’école d’art prônant une culture officielle, minimaliste et dogmatique, se voyait doublée par des jeunes moins éduqués, revenant aux bonshommes des bandes dessinées, aux récits de super-héros… Les frontières entre l’illustration et la peinture achevaient de disparaître, dans le fracas, dans l’humour jaune et noir.

La musique punk  (de “bons à rien“), à Londres et à New York en était le vecteur visible, expressions ordinaires voire vulgaires, décapantes. Le conférencier illustrait son propos par l’exposition « Mad Dogs » : éclats du conflit qui ensanglante l’Europe, d’une manière dérisoire et implacable, dans un esprit mass-média, tragi-comique et effrayant, comme les films d’horreur de série B, les dessins animés… Du narratif sans fard, du tout schuss.

La conférence invitait les témoignages pionniers les gravures de Goya et de Callot sur les malheurs de la guerre, les peintures de Dix et Grosz sur les tranchées hérissées de squelettes de la Première Guerre, les affiches de film d’horreur, le Grand Méchant Loup des Trois Petits Cochons de Walt Disney et les peuples belliqueux de La Bête est morte de l’illustrateur Calvo, les peintures de Peter Saul criardes, caoutchouteuses et savantes, prenaient à revers l’esthétique consumériste pop art. La part belle était faite aux pochettes de disques révolutionnées par les graphistes, collages et juxtaposions, à la presse underground US, Zap Magazine et Robert Crumb, en France à Hara Kiri, Charlie Hebdo, Métal Hurlant, aux trublions libertaires Bazooka qui investirent les colonnes de Libération. On s’attardait sur la singularité d’éditeurs d’images, le Dernier Cri, et des éditeurs d’albums créatifs, les Requins Marteaux.

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